Extension du domaine du Musée
le son honoré

Depuis mars 2007, le Département d'art sonore trouve ses marques, invente des lieux d'écoute et propose de nouvelles rencontres.

Conjointement à la mise en oeuvre d'une collection d'art sonore, le musée bâtit une programmation qui puise à la fois dans les Prix Phonurgia Nova et revisite les oeuvres qui ont marqué l'histoire de ce médium.

Balcon d'écoute

C'est un dispositif poétique : un divan équipé de plusieurs écouteurs, regarde vers le bleu du ciel, invitant le visiteur à larguer les amarres visuelles pour goûter l’écoute d’œuvres qui utilisent les bruits, les sons et les silences comme matériau exclusif.

Les artistes présentés racontent le monde - leur monde - par le son en jouant de sa surprenante aptitude à aiguiser notre perception de l'espace et du temps. Leurs œuvres témoignent que le son peut figurer le réel, sans le recours au visuel, de manière subtile et complexe. C'est souvent une affaire de montage, de mixage, exactement comme le film emboîte plans et mouvements de caméra pour explorer la réalité.

La programmation est trimestrielle. Accueilli en 2008, Yves Meylan résumait ainsi son approche originale du medium sonore : "pour moi, le micro n’est pas simplement un objet qu’on place entre deux personnes qui parlent. C’est à la fois une oreille, une caméra, un pinceau et une gigantesque palette de couleurs…"

Balcon d'écoute #04 )))
Balcon Prix Phonurgia Nova.

Du 1er juin au 31 juillet

Alessandro Bosetti

Le travail d'Alessandro Bosetti (né à Milan en 1973), compositeur, musicien et artiste sonore, est basé sur la musicalité de la voix, du langage et des langues. Ses compositions abstraites (sur disque, jouées lors de performances en public ou pour des diffusions radiophoniques) mêlent documents sonores et entretiens enregistrés, collages acoustiques et électro-acoustiques, stratégies relationnelles, pratiques instrumentales, explorations vocales et manipulations numériques. Un questionnement de la communication orale, des aléas des processus de traduction, et de l'écoute comme objet culturel, à la frontière entre anthropologie sonore et musique contemporaine. En juillet 2010, Alesandro Boseti est accueilli à Arles pour un atelier de création ouvert à tous sur la musicalité du langage et des langues(voir la rubrique stages d'été)

))) Arcoparlante (Deutsclandradio Kultur, 2009)
Cette pièce de 50 minutes met la radio en abyme. L'auteur est parti tout d'abord de signaux sonores prélevés sur les ondes courtes, bruits errants qu'il a collectés puis diffusés à la radio en demandant aux auditeurs de bien vouloir les décoder et les transcrire en mots, générant ainsi une suite d'énoncés, qu'il a ensuite organisés, superposés, pour aboutir à un véritable tableau polyglotte qui met en scène l'auditeur dans son activité a priori la plus secrète, la moins représentable : l'écoute ! Une écoute "à blanc", par définition butineuse, rêveuse, divagante.

Joaquin Cofreces

Né en 1975, à Buenos Aires, l'auteur vit à Ushuaia en Terre de feu. Passionné par les cultures indigènes, son travail se situe entre ethnologie et musicologie. Autodidacte, il a exercé tous les métiers de la radio : journaliste, animateur, producteur, réalisateur. A partir de 1995, il a entamé un travail d'auteur déjà salué par de nombreux prix en Amérique latine, notamment par le Prix de la 6ème Biennale d'art sonore de Mexico.

))) The Last Voice (autoproduction, 2009) Prix PHONURGIA NOVA 2009. Le son est là pour faire surgir une langue disparue, celle des Yaghans, peuple de La Terre de feu dont il ne reste qu'une locutrice. Ses mots accompagnent une dernière fois le vent, les vagues, les vibrations de la terre. Cette oeuvre ramassée de 7 minutes est un tombeau pour une langue promise au silence.

Du 1er août au 30 octobre
Prix découverte Pierre Schaeffer 2009

Créé pour récompenser des jeunes auteurs de moins de 30 ans ayant choisi le son comme medium privilégié, il a été partagé entre trois candidats (22 avaient concouru, 6 avaient été sélectionnés) :

- avec « Casa Nostra » Caroline Bastin (élève à l’Insas Bruxelles), signe un très libre documentaire sur les émigrés italiens du charbon dans la Belgique des années 50,

- avec « Parmi les oiseaux », une production de l'émissions "Les Pieds sur Terre" de France Culture, Elise Andrieu a séduit par ses prises de son de terrain et sa capacité à établir une relation d’écoute peu commune avec ses personnages 

- Sebastian Peter (étudiant à l’Université Bauhaus de Weimar), propose avec "Tophane" une fiction à l’allemande – utilisant largement le spectre des possibles du sonore- qui rappelle utilement que la création radiophonique peut faire coexister parole/personnage et évènements sonores de toute nature.