Le son exposé




45 ans après la photographie, le son s’introduit dans les collections du musée Réattu. Une aventure qui le place à nouveau
en position de pionnier.

Voila presque 25 ans que Phonurgia Nova défend la création radiophonique, édite les classiques de l'art radiophonique, publie des ouvrages de pédagogie et forme de jeunes auteurs désireux de s'engager dans une relation créative avec le sonore. C'est dans la suite logique de ce travail que s'est ouvert le Département d'Art Sonore du musée des beaux-arts de la Ville à l'intérieur duquel le lien entre Arles et la photo est né en 1965 de la volonté de Jean-Maurice Rouquette et de Lucien Clergue de faire reconnaître la photographie comme art, à l'égal de la sculpture ou la peinture.

En s’adossant à Phonurgia Nova, le Musée Réattu croise notre projet culturel qui ambitionne d'offrir aux créateurs et professionnels d'œuvres sonores un espace à leur écoute et à leur mesure.


le son come l'un des beaux-arts

L'enjeu ? Traiter à son tour le sonore sur un pied d'égalité avec... la photographie, la peinture ou la sculpture. Et consacrer ainsi son entrée dans les beaux-arts. Accueillir, au sein d'une nouvelle collection et à travers une programmation évolutive, les artistes qui font le choix du sonore comme véhicule du réel ou de l'imaginaire. Servir la connaissance de l'histoire de l'art sonore par des publications et par des événements inventifs et exigeants. Permettre au public le plus large d’accoster à ces rivages surprenants où l’oreille se substitue à la fois à l’oeil et au toucher pour approcher le monde.

L'art sonore ? Ses origines remontent aux avant-gardes du 20ème siècle qui portèrent un intérêt inédit au son de la vie moderne, plus tard relayé par le cinéma sonore. Pourtant l’appellation est récente. Elle a fait irruption dans le courant des années 80 en Allemagne pour désigner des travaux situés au-delà de la musique et des arts plastiques, utilisant le son comme matériau expressif principal ou exclusif et explorant ses possibilités propres, indépendamment de la condition ancillaire où le confinent le cinéma et la musique. Souvent présentés dans des lieux d’art contemporain, ou dans des émissions radiophoniques spécialisées, les artistes sonores sont issus des disciplines les plus diverses : musique électronique, cinéma, sculpture, arts plastiques, arts numériques et bien sûr, radio. Mais quelle que soit leur origine, ayant digéré les influences de la musique électroacoustique, ils proposent autre chose. Certains questionnent le son dans ses manifestations physiques — sa capacité à traduire ou à modeler l’espace ou encore à faire exister des espaces de toute pièce — d'autres l’utilisent comme outil réflexif sur le réel et la fiction. Avec eux le micro raconte le monde par le son, ou questionne nos perceptions. En permettant pour ainsi dire de toucher le son du doigt, ces artistes de l'écoute ouvrent des perspectives narratives et expressives inouïes.

Un Balcon d’écoute installé depuis mars 2007 sur la loggia du 1er étage propose une programmation d'oeuvres radiophoniques.
Une Chambre d'écoute, habillée par le couturier Christian Lacroix, inaugurée en 2008 fait place au son de manière parmanente, dans des diffusions quadriphoniques.

Depuis 2007 également, des ateliers et des animations
initient le jeune public à cette dimension audio de la création. Régulièrement, des artistes, des commissaires, des critiques, des historiens d'art rencontrent le public du Musée. Evénement attendu chaque année, le jury des Prix Phonurgia Nova, désormais accueilli par le Musée, accueille un public croissant.


Déclinant désormais pour le son ce qui est depuis 30 ans sa philosophie pour la sculpture et la photographie, le musée initie une politique de commande à des artistes audio pour créer des œuvres en résonance autant avec ses lieux, le Grand Prieuré des Chevaliers de Malte dont l'architecture défie le Rhône, qu'avec le patrimoine monumental, archéologique aussi bien qu'environnemental d'Arles. Dans cette démarche de constitution d'une collection d'oeuvres inspirées par la Ville,
les croisements avec la photographie, la sculpture et l'architecture sont favorisés.

Ainsi deux commanes ont été initiées depuis 2009 : l'une "Turned inside out" se traduira par une installation de Kaye Mortley dans la Cour du palmier du musée ; l'autre "Catacombes acoustiques" de Hanna Hartman, prendra place en juillet 2010, dans le parcours des salles contemporaines. Cette dernière commande du CNAP s'inscrit dans le cadre de Diagonales, une manifestation nationale dédiée pour la première fois à l'art sonore qui réunit 22 lieux d'art contemporain.

 

Musée Réattu
10, rue du Grand Prieuré, 13200 Arles
Conservatrice en chef et directrice : Michèle Moutashar
Département d'art sonore : Marc Jacquin
Service des publics : Anne-Sophie Doucet, Isabelle Maestraggi, Maryline Fontenelle
Contact : 04 90 49 35 23 / 59 96
www.museereattu.arles.fr